Alors que les détracteurs du traité refusaient tout simplement un nouveau vote sans arguments solides, force est de constater que la perception des institutions européennes par les citoyens irlandais a évolué. Le refus initial avait de quoi inquiéter une classe politique qui s’était trop éloigné de la population et avait maladroitement considéré l’europhilie comme un acquis, erreur lourde de conséquences.
La JDL considère que ce premier refus était en réalité étroitement lié à une assimilation des institutions de l’Union, que le traité tendait à rendre plus efficaces, aux politiques effectivement parfois critiquables réalisées par les autorités européennes. Or, un réel effort de persuasion a fini par convaincre les électeurs du bien-fondé des objectifs de l’Union, et il faut s’en réjouir.
Cependant, cette victoire ne signifie aucunement qu’il serait désormais permis d’ignorer les voix eurosceptiques. Si les jeunes libéraux sont fervents partisans du traité de Lisbonne parce qu’il permet à l’Union européenne d’avancer sur le chemin de la démocratisation, notamment en conférant plus (mais toujours pas assez) de pouvoir au Parlement européen et en renforçant les libertés fondamentales garanties par la Charte de Nice, il est indéniable qu’il reste du pain sur la planche en matière politique et institutionnelle.
Dans ce contexte, la JDL regrette évidemment l’élection à la tête de la Commission de Monsieur Barroso, homme politique totalement soumis aux volontés des gouvernements nationaux tentant de préserver un maximum de souveraineté. Par ailleurs, la perspective, récemment discutée par les médias européens, de l’élection du britannique Tony Blair au poste de Président du Conseil, est inquiétante. Celui-ci incarne en effet une Union minimaliste, économique plus que politique, dont les jeunes libéraux estiment qu’elle doit être dépassée. Ainsi, malgré certains désaccords importants en matière de politique nationale, les jeunes libéraux sont davantage favorables à une candidature du Premier ministre Jean-Claude Juncker. Quoique n’ayant pas toujours une vision très claire et ambitieuse de l’Union européenne (ce qu’on a notamment pu observer lors de son support pour M. Barroso), Monsieur Juncker représente une Europe soudée et capable d’être un acteur crédible sur la scène politique internationale.
Par ailleurs, l’Union européenne devra rapidement évoluer sur le plan politique si elle désire répondre aux problèmes contemporains. Pour ce faire, il faudra notamment changer d’attitude en matière d’immigration, repenser la politique agraire commune en tenant compte de ses effets sur les pays en développement, renforcer la protection effective des droits de l’homme en étroite coopération avec le Conseil de l’Europe, s’engager pour la diversité culturelle et la préservation des ressources naturelles et œuvrer dans le sens d’une protection sociale pour toute personne résidant en Union européenne.
Finalement, tout n’est pas encore gagné, sachant que le président tchèque, Vaclav Klaus, est très réticent face au traité, tout comme une partie de la classe politique britannique, désirant revenir sur la ratification. Pour l’avenir de l’Europe, il faut espérer un engagement vigoureux et inconditionnel de la part des partisans de l’Union.
Le bureau exécutif.